Biostimulants « On est encore aux prémices »
En moins de dix ans, Sébastien Philippot a testé plus d’une dizaine de biostimulants sur son exploitation située dans la Meuse.
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Sébastien Philippot a commencé à utiliser des biostimulants sur ses grandes cultures il y a une dizaine d’années, en réponse aux pressions environnementales. « L’idée était de continuer à produire en employant moins d’azote et de pesticides, d’autant plus que certaines de mes parcelles se situent sur une zone de captage où je dois respecter un cahier des charges », explique-t-il.
S’il a testé dans un premier temps des « activateurs de sol » sous forme solide, il s’est ensuite tourné vers des biostimulants à application foliaire. « Les activateurs étaient des boîtes noires. Je ne savais pas ce qu’il y avait dedans, ce qui était un frein. Il y a davantage de transparence avec les produits foliaires », estime-t-il.
Changement climatique
Au fil du temps et des résultats de ses propres essais, l’agriculteur a fait évoluer la nature des biostimulants et leur utilisation. Il a d’abord utilisé des produits à bases d’acides aminés pour assurer une bonne nutrition des plantes, en facilitant l’enracinement et l’absorption de l’azote. Le changement climatique l’a poussé à adapter ses pratiques. En plus des acides aminés, Sébastien Philippot s’est aussi tourné vers des produits à bases d’algues, qu’il estime mieux adaptés pour gérer le risque d’échaudage. « L’orge de printemps, très sensible aux aléas climatiques, est la culture sur laquelle j’utilise le plus les biostimulants. J’en applique en systématique, comme une assurance », résume-t-il.
Blé, orge d’hiver et colza ne sont pas en reste. Sur les 270 ha qu’il consacre aux grandes cultures, plus de 200 reçoivent au moins un biostimulant. Ces derniers ont notamment en partie remplacé les fongicides. « J’en appliquais par exemple toujours deux sur blé, et dorénavant je fais plutôt deux passages de biostimulant et un fongicide », décrit-il. Les dernières années, relativement sèches, ont aussi aidé. L’agriculteur ne s’interdit pas un deuxième fongicide si nécessaire, en cas de maladies.
Souvent, les biostimulants nécessitent un passage supplémentaire. « C’est aussi un frein à leur utilisation, admet Sébastien Philippot. Il est parfois possible de l’associer à une autre application, comme un régulateur de croissance. » Pour lui, agronomie doit aussi rimer avec économie.
Gain difficile à mesurer
Sébastien Philippot évalue les effets des produits qu’il teste en bande grâce à la cartographie de ses rendements, en comparant à des témoins sans biostimulant. « La différence peut parfois aller de 5 à 10 q/ha », rapporte-t-il. S’il lui est difficile de mesurer le coût et le retour sur investissement réel des biostimulants, en particulier quand le produit associe des oligoéléments, il a observé sur certains essais un gain net moyen de 20 à 30 €/ha. « Ce n’est pas énorme », concède-t-il.
L’agriculteur estime manquer de recul pour l’instant. « Je suis en phase de test. On est encore aux prémices des biostimulants, juge-t-il. Je ne sais pas si les produits que j’utilise aujourd’hui le seront demain. » Récemment, il a constaté leur démocratisation. « Avant, je passais pour un illuminé d’essayer des biostimulants sur céréales », se souvient-il.
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